Accueil Energie Climat Alpes Maritimes : Solidarité Intempéries ; Urgence Climatique

Alpes Maritimes : Solidarité Intempéries ; Urgence Climatique

Dans la nuit du 3 octobre 2015, de violentes intempéries se sont abattues sur les Alpes Maritimes, qui ont causé 20 morts. Deux semaines plus tard, la Région participait à la solidarité financière avec une enveloppe de 4 M€.

Article de Bastamag : Le projet de Silicon Valley niçoise augmentera le risque d'inondations

Article de l'Express : Inondations-les-alpes-maritimes-construisent-elles-n-importe-comment ?

Conseil régional PACA -Séance Plénière du 16 octobre 2015
Délibération Solidarité Intempéries Alpes Maritimes
Intervention de Sophie CAMARD

Monsieur le Président,
Mes chers collègues,

 Deux semaines après les violentes intempéries qui ont touché les Alpes Maritimes, le 3 octobre 2015, les habitants restent sous le choc. Les dérèglements climatiques tuent et nous nous associons au deuil des familles des 20 victimes décédées. La solidarité continue de s'organiser. Le montant des dégâts matériels est estimé à plusieurs centaines de millions d'euros par les assurances.

Force est de constater que les aides exceptionnelles de notre Région sont de plus en plus élevées, de plus en plus rapprochées, devant l'accélération des épisodes climatiques violents dans notre Région. Le Groupe International des Experts sur le Climat (GIEC) mais aussi les Assurances, nous alertent depuis longtemps. Si nous ne faisons rien, le coût de l'inaction sera supérieur au coût, humain et financier, des dégâts causés. C'est l'enjeu de la COP21 en décembre prochain, qu'il faut réussir !

Ces dégâts ne sont pas que climatiques et naturels, ils sont aussi d'origine humaine. Sur la Côte d'Azur, les inondations sont aggravées par l'artificialisation des sols, la destruction des terres agricoles et le mitage, les constructions en zones inondables.

 

La presse a publié un Rapport du Commissariat général au développement durable, datant de 2009, selon lequel les Alpes Maritimes détiennent le record de construction de logements en zone inondable : 9000 nouveaux logements construits entre 1999 et 2006. Au total, 300 000 personnes vivent dans une zone inondable dans les Alpes Maritimes. La zone Nice-Cannes-Mandelieu est identifiée comme un Territoire à Risque Important d'Inondation.

J'entends souvent : "Et maintenant que tout est construit, que peut-on faire ?"

On peut agir à deux niveaux :

  • Eduquer aux risques ;
  • Penser différemment pour ne plus agir comme avant, comme si de rien n'était, ni reproduire sans cesse les mêmes erreurs.

Eduquer aux risques pour acquérir les bons gestes. Beaucoup de morts sont dus à un mauvais réflexe en cas de montée des eaux, comme de descendre dans un parking souterrain pour sortir sa voiture ! Il y a aussi des améliorations à faire sur les modèles de prévisions météo et d'alerte aux populations, sur une meilleure anticipation de la chaîne des secours à déclencher.

Penser différemment l'aménagement des villes : prévoir les zones de terre-plein, des capacités d'évacuation d'eau, végétaliser, re-naturer les espaces urbains, industriels et commerciaux, sur-élever les constructions... Ne plus accepter de Plans Locaux d'Urbanisme sans critère climatique.

Penser différemment, c'est aussi ne pas accepter en l'état le projet de l'Opération d'Intérêt National Plaine du Var, qui prévoit de faire disparaître encore des terres agricoles pour davantage d'espaces commerciaux, de bureaux et autres équipements. Mais où va-t-on construire des logements ? Où va-t-on préserver les espaces naturels, à proximité du fleuve ? J'appelle à un moratoire sur la disparition des terres agricoles dans la Plaine du Var.

Penser différemment, c'est reconstruire la ville sur la ville, sans déroger aux obligations en matière de logement social. J'entends bien la droite utiliser ces événements pour dire qu'on ne peut plus construire de logements sociaux. Mais pourquoi trouve-t-on encore la place pour des zones commerciales, des bureaux, des hôtels de luxe, des villas avec piscine ? C'est ce modèle là de la Cote d'Azur qui en cause aujourd'hui, et non celui du logement pour tous qui n'a jamais été la priorité d'aménagement dans ce département.

Penser différemment, c'est aussi ne pas reconstruire à l'identique, transformer certaines activités pour qu'elles soient plus respectueuses de la nature : je pense au parc Marineland qui promeut une utilisation de l'animal complètement dépassée aujourd'hui, contestée par des dizaines de milliers de citoyens mobilisés autour d'une pétition citoyenne. On peut imaginer bien des projets nouveaux liés aux loisirs et à la mer, qui préservent l'emploi tout en évitant la “casse animale” pour reprendre l'expression de la direction du Parc.

Penser différemment, c'est arrêter de diluer les responsabilités des uns et des autres derrières de multiples programmes bureaucratiques : le TRI, PGRI, SDAGE, SLGRI, PAPI... autant de sigles où plus personne ne sait qui est responsable de quoi.

Alors, nous voterons, bien sûr, Pour cette délibération.

Les dérèglements climatiques ne doivent pas être un prétexte à l'impuissance ou à la fatalité. A l'heure de la COP21, ils nous rappellent plutôt l'urgence d'agir et à transformer notre vision du monde, pour mettre des priorités environnementales et sociales au coeur de nos politiques.