Ce doux parfum des années 30
Affaibli par l'affaire Woerth-Bettencourt, le Président Sarkozy, accompagné de son fidèle lieutenant Brice Hortefeux, ministre de l'Intérieur, joue lamentablement la carte de la démagogie et du populisme à l'occasion de quelques faits divers dramatiques. Après la stigmatisation des Roms, il pousse maintenant jusqu'au bout la logique xénophobe qui fait de l'étranger l'origine de la violence et de la délinquance. Il a déclaré à Grenoble, le 30 juillet 2010, vouloir retirer la nationalité française aux délinquants d'origine étrangère qui s'en prendraient aux forces de l'ordre (mais c'est quoi l'origine étrangère... Et en quoi cela résout-il le problème de la violence ???), étendre les peines planchers, remettre en cause les droits et prestations auxquels ont encore droit les sans papiers en faisant croire qu'ils sont mieux traités que les étrangers en situation légale... Et un petit couplet sur l'excision pour finir l'amalgame de tous les fantasmes... N'en jetez plus dans le délire !
Est-ce par paresse estivale, par résignation, par stupéfaction ? Ces propos ont bien sûr soulevé l'indignation des associations antiracistes et de défense des droits de l'homme traditionnelles. des partis de gauche... Mais au-delà ? Où sont les appels à mobilisation, les déclarations des artistes, des intellectuels ? Rien. Je me souviens des centaines de milliers de personnes qui étaient descendues dans la rue en 1996 contre la loi Debré sur les certificats d'hébergement. On est allés tellement plus loin depuis...
Peut-être est-ce bon signe : Plus personne n'est dupe des pauvres gesticulations du pouvoir en place et de sa stratégie minable qui vise à chasser la popularité sur les terres de l'extrême-droite, d'un gouvernement qui cherche à tromper le peuple en désignant les étrangers, et maintenant les français d'origine étrangère, comme des bouc émissaires... alors qu'il ne pense qu'à favoriser les plus riches. On ne s'indignerait plus, on aurait plutôt envie de rire de ce pauvre Président et de son vilain nez rouge de clown triste ? Mais ne rions pas trop longtemps... Ces déclarations vont sans doute se traduire en loi... et en harcèlement policier supplémentaire sur des populations qui ne sont pas à l'origine des violences. Car la violence urbaine est bien un phénomène français, généré par toute notre société, et c'est bien pour cela qu'il ne suffit pas d'envoyer trois cars de CRS et toutes les troupes du GIGN quand ça brule pour répondre à la situation, comme le rappelle par exemple cet article de Libération sur l'échec de la stratégie du karcher.
Mais peut-être aussi est-ce le signe d'une vraie anesthésie de la population, habituée maintenant au Ministère de l'Identité nationale (moi, ce nom me donne toujours la chair de poule), à la chasse aux sans-papiers, aux peines planchers, aux suicides en prison, aux caméras de surveillance à tous les coins de rue, et autres atteintes aux libertés publiques qui grignotent au quotidien notre démocratie.
Sur cette question essentielle, les écologistes ne peuvent que s'allier aux autres forces de gauches, associatives, syndicales et à tous les citoyens qui sauront résister à cette remise en cause des principes fondamentaux de liberté et d'égalité... qui ressemble tellement aux vieilles idéologies des années 1930.
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Un vieux graffiti dans mon quartier disait : « Aujourd’hui, on doit craindre plus le silence des pantoufles que les bruits de bottes. »