Dans son ouvrage sur la « troisième révolution industrielle », Jérémy Rifkin insiste sur deux verrous technologiques à lever pour une diffusion massive des énergies renouvelables :

• Régler le problème de l’intermittence sur les réseaux, grâce aux réseaux électriques intelligents (« smart grids » ou « l’internet de l’énergie »)
• Régler le problème du stockage, grâce à des piles à combustibles alimentées en hydrogène.

La filière hydrogène est un enjeu européen et national, qui concerne tous les moyens de transports, au premier plan duquel l’automobile.

A son échelle, la Région Paca a décidé d’apporter son soutien financier au projet Sémaphores du laboratoire de physique-chimie le Cinam, sur le campus de Luminy : « Solution Ecologique appliquée au Maritime pour la Production d’Hydrogène au moyen de Rayonnement Solaire ». C’est un projet collaboratif avec deux PME, deux laboratoires (Cinam et CEA/Liten) mais aussi l’Ecole Nationale Supérieure de la Marine, qui démarre une activité de recherche.

L’originalité du projet est de construire un démonstrateur intégré sur tous les aspects de la filière (production, stockage, pile, application) :

• Production d’hydrogène par photo-électrolyse solaire, avec un matériau innovant, à base d’oxyde de titane, capable de remplacer le silicium sur les panneaux solaires : Innovation sur la photo-catalyse ;
• Unité de stockage d’hydrogène : innovation sur le stockage basse pression ;
• Pile à combustible (équivalent du moteur, qui doit être alimenté par de l’hydrogène) ;
• Système de contrôle commande et supervision de l’ensemble.

L’idée sous-jacente du projet est d’alimenter en hydrogène des applications maritimes qui seraient équipées de piles à combustibles, sur de petits bateaux de plaisance pour commencer.

Je suis allée rencontrer l’équipe du projet aujourd’hui. La rencontre a porté aussi bien sur le fond de la recherche que sur les aspects de montage administratifs et financier.

Nous sommes en effet confrontés à des retards de projets du fait des règles d’instruction différentes entre la Région et Oseo d’un côté, et les fonds européens Feder de l’autre (instruction plus stricte et décalée dans le temps). Ce problème structurel est un obstacle à l’avancement de nombreux projets aujourd’hui. La question risque de devenir très brulante à l’approche du nouveau cycle Feder qui doit démarrer en 2014, et de l’acte III de la Décentralisation, selon lequel les Régions pourraient devenir l’Autorité Unique de Gestion des fonds Feder… mais sans en maîtriser les règles et procédures. Cet enjeu sera au cœur des débats budgétaires régionaux et de l'avenir des politiques régionales.

Coût du projet Sémaphores : 1,7 M€ dont 700 k€ Région et 300 k€ Feder. C’est en réalité une somme modeste quand on la rapporte aux enjeux de rupture technologique et d’applications industrielles qui peuvent en découler !