Accueil Economie Emploi Faire avancer la chimie verte : C’est possible à Marseille

Faire avancer la chimie verte : C’est possible à Marseille

Pour ceux qui en douteraient, la « chimie verte » n'est pas qu'un slogan de campagne, mais un secteur clé de la transformation écologique de l'économie. Avec l'automobile, la chimie fait partie des premiers secteurs industriels français, en production et en exportations... Elle est confrontée à l'impératif de réduire son impact sur la santé et l'environnement.

La « chimie verte » ou « chimie durable » repose sur :

  • l'utilisation de nouvelles matières premières renouvelables et végétales (bio de préférence !) : chimie biosourcée qui repose sur des inventaires toujours plus précis de la biodiversité car de nombreuses espèces végétales sont encore mal connues ;

  • un changement des façons de faire : le « génie des procédés », qui consiste à réduire les pollutions, l'usage d'eau et autres solvants chimiques, d'énergie, de déchets (utiliser toutes les composantes de la plante) ;

  • le développement de nouveaux produits : matières biodégradables, matières premières « secondaires » issues de la valorisation des déchets (végétaux, minéraux...). Autrement dit, pas de recyclage-valorisation des déchets sans chimie verte !

La chimie verte ne doit pas être dissociée non plus de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) car elle croise des enjeux éthiques et économiques comme la manipulation génétique, le brevetage du vivant, l'utilisation des ressources des pays du Sud. Autant de questions au coeur de l'industrie aujourd'hui : agroalimentaire, pharmacie, énergie (biocarburants), cosmétique...

Le règlement européen REACH, entré en vigueur le 1er juin 2007, est un moteur essentiel de la transition de la chimie classique vers la chimie verte. Il soumet les industriels à des procédures d'enregistrement (déclarer les informations sur les substances pour autorisation) et aboutit, à ce jour, à interdire une centaine de substances toxiques parmi les plus importantes des 150 000 utilisées en chimie... ce qui oblige à trouver des substituts.

Ainsi, comme d'autres réglementations environnementales, REACH est aujourd'hui un fantastique levier d'innovation pour la chimie européenne... et pas seulement une contrainte "anti-économique" comme on considère souvent, à tort, l'environnement.

 Équipement de la plateforme expérimentale chimie de l'Ecole Centrale de Marseille, Campus de St-Jérôme à Marseille

Certains en sont bien conscients, comme ces animateurs de l'association et centre technologique Rives Med, (« Ressources Innovations Vertes et Eco-Sourcées en Méditerranée » ) qui font avancer des projets de conversion de la chimie classique vers la chimie verte, par la recherche et la formation. J'ai passé, le 26 janvier dernier, une matinée passionnante à les écouter et à discuter de leurs projets, dont certains reposent sur des partenariats de coopération avec l'Afrique.

Ils m'ont parlé par exemple du procédé d'extraction par ultrasons qui permet d'éliminer les solvants, de préserver toutes les molécules de la plante, de réduire les temps de traitements et les rendements. Si si, ça existe déjà, c'est proposé par une petite entreprise de Sofia Antipolis : Voir le site REUS. Il faudrait juste le faire connaître et le généraliser en France.

Rives Med propose aux entreprise l'accès aux plateformes expérimentales de l’École Centrale des Mines de Marseille, sur le campus de Saint-Jérôme.

 

Étudiants en "Génie des procédés", École Centrale de Marseille, Campus de St-Jérôme (visite du 26 janvier 2012)

Nous avons évoqué le projet de financer de nouveaux équipements permettant de tester de nouveaux procédés au profit des PME. Je compte bien suivre ce projet qui s'inscrit bien dans la démarche du groupe de travail régional que j'anime sur une meilleure connaissance de l'économie verte. De toute façon, je dois être à peu près la seule élue dans le monde à me passionner pour l'extraction par ultrasons !