Accueil Sécurité Libertés Solidarité Inauguration d’un Espace Solidaire d’Hébergement pour les Roms

Inauguration d’un Espace Solidaire d’Hébergement pour les Roms

Jeudi 1er septembre, j'ai participé à l'inauguration de l'Espace Solidaire d'Hébergement des Roms cofinancé par la Région, dans le quartier de la Belle de Mai à Marseille (pas loin de chez moi !).

L'ESH est géré par l'AMPIL. Il accueille depuis le mois de juillet 10 familles : une vingtaine d'adultes et une vingtaine d'enfants. Ces familles sont proches de l'emploi et dans un projet sérieux d'installation en France. Les enfants sont scolarisés. Elles signent un bail de 3 mois renouvelables une fois (bail symbolique pour les responsabiliser car pour le moment, elles ne payent pas le loyer), le temps de trouver un appartement (dans les appartements gérés par l'AMPIL par exemple). Les associations nous avaient déjà expliqué il y a un an que, dans l'idéal, il fallait éviter les grosses structures d'accueil et plutôt faciliter l'insertion diffuse des Roms, en les logeant de manière individuelle.

Dans un hangar mis à disposition par un propriétaire privé pour deux ans (pour commencer), dix caravanes ont été installées et mises au propre. Le lieu est bien protégé. Les familles peuvent disposer d'espaces cuisine, de douches, sanitaires, machines à laver (voir photos ci-dessous).

Il ne s'agit donc pas d'une structure d'accueil d'urgence mais d'un espace expérimental pour permettre l'insertion des Roms sur le long terme. La Région aide ici un projet associatif de manière tout à fait volontariste puisque ce type de structure devrait être financé plutôt par les villes et les conseils généraux qui ont les compétences en matière d'action sociale et d'hébergement. La Région n'aurait pas pu réaliser ce projet par elle-même. Ce sont les associations (AMPIL, Fondation Abbé Pierre, Médecins du Monde, Rencontres tsiganes), qui cherchaient un financeur et qui ont trouvé notre oreille attentive. Mais les associations ne sont pas là non plus pour se substituer au manque d'action sociale des collectivités et de l'Etat.

Je pense que l'apport essentiel de cette expérience n'est pas de répondre, toute seule, à l'accueil des Roms, mais de briser les tabous et les préjugés.

Après les événements de cet été, les associations porteuses du projet ont décidé de médiatiser, avec des élus, une expérience positive. Elles ont pu constater aussi que les enfants Roms s'intégraient bien avec les autres enfants du quartier, et que la population riveraine n'était pas hostile. Beaucoup de journalistes étaient présents et paraissaient contents de faire ce type de reportage... La couverture presse a d'ailleurs été sympathique : Une page entière dans un  gratuit comme 20 minutes par exemple.

Héberger coûte moins cher qu'expulser

Pour celles et ceux qui penseraient, à tort, qu'on fait dans le « bon sentiment », voici quelques chiffres tout à fait rationnels : L'expulsion d'UNE personne (pas d'une famille) coûterait de 12 000 à 27 000 €. Et oui, en additionnant les coûts des centres de rétention, de garde et d'escorte, on arrive de 232 à 533 Millions € par an en 2008 ! Source : Le Figaro → Lire l'article

Prenons l'hypothèse la plus basse de 12 000 €. 40 personnes à expulser * 12 000 € = 480 000 € !

Combien a coûté la mise en service de cet espace d'hébergement pour une quarantaine de Roms ? Le budget annuel est de seulement 80 000 €, pris en charge à moitié par la Fondation Abbé Pierre, et à moitié par la Région Paca (crédits votés en Commission permanente du 24 juin 2011).

Avouez que même si on exagérait beaucoup sur le coût des expulsions, il y aurait une différence encore abyssale. Alors, de quel côté est la démagogie et le gâchis d'argent public ?

Photos Emma Chamard

Sophie Camard visite centre Coin cuisine
Enfants1 P1090208 (Medium)
P1090215 (Medium) Petit garçon