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Le déclin de la biodiversité et la surpêche au bord d’un seuil irréversible

A l'exception d'un article dans Les Echos et d'un autre sur Mediapart, peu d'attention médiatique a été portée au cri d'alarme d'un groupe de scientifiques qui nous annonce l'approche d'un seuil critique et irréversible dans le changement de la biosphère terrestre et le déclin de la biodiversité d'ici 2100 (AD. Barnosky et alii, « Approaching a state shift in Earth's biosphere », Nature, 7 juin 2012, pp. 52-58).

Bien au contraire, on voit bien à quel point la sauvegarde de la biodiversité est fragile, lorsque réapparaissent les frictions entre l'homme et la nature sauvage : le requin à la Réunion, les loups et les bergers dans les massifs alpins... Au Conseil régional, nous avons eu cette année des débats passionnés sur le loup. Selon moi, protéger la nature, c'est aussi cohabiter avec son caractère sauvage. Il nous faudra bien finir par l'accepter si on ne veut pas la voir disparaître définitivement. C'est une question de rapport raisonné entre l'homme et la nature, et pas du sentimentalisme naïf comme on le caricature trop souvent.

Sur ce sujet, j'ai lu l'ouvrage palpitant de John Vaillant : Le Tigre – Histoire de survie dans la taïga (2011, Editions Noir sur Blanc). Ce récit documentaire raconte la vengeance d'un tigre mangeur d'hommes dans le Primorié (Extrême Orient russe), dans un contexte de destruction de la forêt et du gibier qui pousse le tigre à se rapprocher des villages. Le livre approfondit le documentaire réalisé par Sasha Snow, Conflict Tiger, qui a reçu de multiples récompenses internationales en 2005-2006 (voir la bande annonce). Un vrai thriller ! Là-bas, les écologistes sont de grands gaillards, rescapés des camps staliniens ou anciens militaires, qui ont le pouvoir de désarmer les braconniers mais aussi de tuer, très exceptionnellement, certains tigres devenus trop dangereux pour l'homme : Ici la chasse à l'homme méthodique de ce tigre blessé était un cas jamais vu !

 

J'ai lu aussi le beau livre du plongeur et biologiste marin François Sarano, consultant scientifique sur le film Océans : Rencontre sauvages - Réflexions sur quarante ans d'observations sous-marines (Editions Gap, 2011), qui raconte comment, dans les années 1970, les bancs de thons rouges venaient s'échouer sur nos littoraux, poursuivis par le requin blanc, au sommet de la chaîne alimentaire. Selon lui, les nouvelles générations humaines partent toujours d'un point zéro qui ignore l'état précédent d'abondance. Seules les aires marines protégées permettent de reconstituer l'état prolifique de la Méditerranée telle qu'elle était il y a quarante ans.

 

Évidemment, à Marseille aujourd'hui, point de requin blanc : quelques dauphins de temps en temps, exceptionnellement des baleines, et toujours des mérous craintifs. On se contente des poulpes, des petites rascasses et blennies, quelques dorades et dentis. La rencontre avec le congre, les murènes, le gros chapon, la langouste, reste une chasse au trésor sous-marin... mais ça arrive régulièrement quand même ! La mise en place du parc national se fait attendre. Cet été, je n'ai pas vu d'équipes de patrouilleurs marins, ni de panneaux de signalisation sur les sites. Les recrutements seraient en cours... Le plus dur est fait (les interminables concertations 🙁 ) pour ce parc qui doit maintenant exister concrètement sur le terrain. Il y a urgence !

 Quelques chiffres sur la surpêche mondiale : La production stagne à 85 Millions de Tonnes par an depuis les années 1990, dont 30 Millions de Tonnes de poissons de fourrage (sardines anchois, harengs) pour l'élevage des poissons carnivores (ex. saumons, dorades, turbots). Il faut 3 à 15 Kg de poissons sauvage pour 1 Kg de poisson d'élevage.

Les grands poissons prédateurs sont tous en voie de disparition : 90% des adultes reproducteurs ont disparu au cours des 40 dernières années. C'est le cas du requin, dont nous pêchons plusieurs dizaines de Millions d'individus par an, pour le commerce de l'aileron. La pêche pirate constitue la deuxième mafia du monde derrière la drogue. La réponse à ces abus : Le consommateur et les campagnes d'information des citoyens, l'aquaculture avec des farines végétales, à condition d'accepter de manger d'autres types de poissons (encore le consommateur !). Moi, de toute façon, je n'aime pas trop manger du poisson : y a trop d'arêtes 🙁

Allez, stop la déprime : Cela reste toujours un plaisir de photographier les petites bestioles des Calanques, juste avant la rentrée 🙂  !

La "poulpe attitude"

Galathée tricolore

Blennie pilicorne

Banc de chinchards à queue jaune... Je ne dirai pas où 😉

Nid de murènes  !