Recyclage en circuit court : Et si on remplaçait le fioul par de l’huile alimentaire usagée ?
Actuellement, 100 000 à 170 000 tonnes d’Huile Alimentaire Usagée (HAU) sont produites annuellement au niveau national, dont 20% seraient recyclées.
Deux circuits de traitement coexistent :
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La collecte industrielle “officielle“ qui transporte sa cargaison (45 000 tonnes environ) jusqu’en Allemagne, Autriche, Portugal ou, au mieux depuis 2009, à Limay dans les Yvelines pour être transformée en biodiesel avant d’être à nouveau transportée pour livraison.
Malgré une certaine valorisation de ce déchet, cette filière centralisée engendre un fort impact environnemental, dû en particulier au transport.
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Les filières locales, en circuit court, sont principalement réalisées par des structures se revendiquant des valeurs de l’économie sociale et solidaire. Elles utilisent des installations simples, sobres en énergie et sans chimie, avec en sortie une huile alimentaire recyclée, filtrée à un micron, utilisable dans les moteurs et chaudières fonctionnant au fioul.
L'utilisation des huiles alimentaires usagées en tant que carburant (ou bio-carburant) pour les véhicules est actuellement bloquée en France pour des raisons règlementaires. S'il existe dans le monde de nombreux exemples d’utilisation de ces huiles pour faire tourner bus, taxis, tracteurs, compresseurs, groupes électrogènes, la France, réticente à appliquer la directive européenne 2003/30/CE, du 8 mai 2003, se refuse à en autoriser l’usage comme carburant.
Seules des expérimentations à l'initiative des collectivités peuvent être autorisées sous protocole avec l'Etat. La signature de protocole est soumise à déclaration d'entrepôt fiscal de produit énergétique délivré par les directions régionales des douanes.
Cependant, il est par contre autorisé d'utiliser les Huiles Alimentaires Usagées Recyclées (HAUR) comme combustible pour chaudières et groupe électrogène. Aucune taxation n'est prévue pour ce type de combustible.
En outre, il est de toute évidence beaucoup plus efficace d'utiliser la biomasse à des fins de chauffage.
L'association Oleo-Declic à Marseille a pour projet de valoriser les Huiles Alimentaires Usagées en combustible. La Région PACA a co-financé une étude sur les possibilités de cette filière : étude du gisement, des usages, aspects règlementaires, analyse du procédé de filtration et des caractéristiques chimiques des produits finaux avec des étudiants de l'Ecole Centrale de Marseille. Le potentiel est là, reconnu par le Ministère de l'Ecologie et l'ADEME.
Cependant, les huiles usagées sont classées comme un déchet ménager non dangereux. Pour mettre en place de grosses stations de filtration, il faut obtenir un statut d'Installation Classée Pour l'Environnement (ICPE), dossier lourd et complexe à monter. Pour simplifier, il faudrait sortir ces huiles du statut de déchet, ce qui prend du temps (environ deux ans). L'autre chemin serait que l'huile alimentaire usagée soit reconnue comme biomasse, dans le projet de loi sur la Transition énergétique... mais cela va prendre un peu de temps aussi et ce n'est pas assuré à ce jour.
En attendant, l'association (accompagnée et aidée par la Région) met en place de petites expérimentations locales, assure une collecte régulière auprès de restaurateurs, utilise sa propre station installée dans les locaux de la couveuse ESS Intermade à Marseille. Elle vend son huile à quelques particuliers et à Intermade qui avait une chaufferie au fioul.
Pour avancer, Oleo-Declic est sur la piste d'une expérimentation plus grande, avec la Communauté du Pays d'Aix. Elle développe un savoir-faire sur l'installation des stations de filtration, la mise en place de la collecte et des usages. Son projet est d'identifier plusieurs projets de chaufferies sur le territoire, pour écouler les gisements existants.
N'hésitez pas à les contacter si vous voulez changer votre fioul pour de l'huile propre !