Region PACA : Débat d’orientation budgétaires, Nos priorités écologiques sont aussi un bouclier social
Conseil régional PACA
Séance plénière du 17 octobre 2014
Débat d’orientation budgétaire - Sophie CAMARD
Monsieur le Président,
Mes chers collègues,
Dans ce débat d'orientation budgétaire, nous ne sommes pas encore au temps des chiffres mais à celui des objectifs et des priorités à définir.
Comme toutes les collectivités locales, de droite comme de gauche, nous sommes confrontés à de fortes contraintes financières.
Il vient d’être question de « matraquage fiscal». Je rappelle que la Région ne lève pas l’impôt à part les modestes cartes grises. Par contre, moi qui habite Marseille, j’ai mal à mon porte-monnaie en ce moment. C’est bien la droite qui augmente les impôts ici, pour un niveau de services qui n’est pas à la hauteur : on pense aux écoles !
Une partie du problème vient de l'Etat qui baisse les dotations aux collectivités locales et risque d’asphyxier l'investissement public. Les écologistes s’opposent à cette orientation, ici comme au Parlement.
Mais une autre partie du problème vient des propres choix de la Région.
Les écologistes sont les seuls à voter Contre des dépenses sans critères sociaux ou environnementaux, Contre de Grands Projets inutiles, ou trop lourds à financer.
· Avec 9 M€ par an, la machine de fusion nucléaire ITER ponctionne la moitié du Budget de la Recherche ;
· Les 10 M€ pour le Vélodrome, ça coûte cher à la Région et c’est pourtant une goutte d’eau dans ce projet pharaonique de 270 M€ alors que Marseille manque d’équipements sportifs de proximité ;
· La rocade L2 à Marseille est le projet routier le plus cher de France au Km et pour ce prix-là, on se bat encore aujourd’hui pour faire avancer le traitement de la pollution de l'air ;
· Quant à la Villa Méditerranée, il serait démagogique de lui faire porter toute la misère budgétaire, mais il est juste, aujourd’hui, de la faire contribuer aux efforts d'économies, ce qui est d’ailleurs prévu.
Si on ajoute l'achat bien nécessaire de nouvelles rames de trains, on arrive au niveau de tension inédit que nous connaissons aujourd’hui.
Malgré des points de désaccords, nous sommes dans la Majorité parce que nous avons pu avancer sur la prise en compte de l'écologie dans les politiques régionales, même si c’est parfois long et laborieux, comme sur la question des éco-conditions. Mais nous remercions toutes celles et ceux qui font avancer la démarche
Les priorités des écologistes n'opposent pas le court terme et le long terme, l'homme et la nature, les français et les « pas français ». Elles ont pour but de Mieux Vivre en Provence Alpes Côte d’Azur, face à des menaces planétaires qui ne se résoudront pas par du repli nationaliste, de l’exclusion et du chacun pour soi.
· C’est pour cela qu’il est important de soutenir la culture, l’éducation et la formation et la vitalité de la vie associative
· C’est pour cela que nous soutenons les coopératives et les projets de reprise d'entreprise par les salariés, qui montrent l’efficacité économique de la solidarité (l’économie sociale et solidaire) : d’où notre soutien aux délibérations d’aujourd’hui pour Nice Matin, Okhra-le conservatoire des Ocres, ou Fralib ;
· Mieux se déplacer pour trouver un emploi, baisser la facture d'énergie, c'est du pouvoir d'achat et une vie quotidienne plus facile : d’où notre attachement à poursuivre le programme de réhabilitation thermique des logements sociaux (22 000 logements à ce jour), à installer un opérateur énergétique régional, à mieux coordonner les transports entre eux, à harmoniser les tarifs, à exiger un Contrat de Plan Etat Région offensif sur le rail, qui n’a pas pour vocation à devenir un transport de riches à côté d’autocars pour les pauvres ;
· Lutter contre la pollution de l’air et de l’eau, encourager la pêche durable et l’agriculture biologique de proximité, c'est bon pour nos poumons, nos estomacs et pour la sécurité sociale : d’où notre objectif de promouvoir les achats en circuits courts et biologique dans les cantines, de défendre le développement du bio avec les fonds européens, de réduire les inégalités de prix à la cantine, à côté de la tarification sociale ;
· Tenir compte des risques climatiques et naturels, préserver les forêts, la biodiversité, c'est diminuer les dépenses de réparation et d'adaptation au changement climatique contre lequel nous engageons une course contre la montre. Tout le monde le constate, avec l’accélération des tempêtes et des inondations. Réduire la dépendance au pétrole, au gaz, à l'uranium, c'est attaquer les racines des guerres qui embrasent l'Ukraine, la Méditerranée et l'Afrique. D’où notre attachement à développer les énergies renouvelables, le recyclage, les industries de la Transition énergétique avec les budgets de l’Environnement, de la Recherche et de l’Economie, à structurer une filière bois durable, à défendre les aires marines protégées et les parcs naturels régionaux.
[Cliquez sur la photo pour voir l'émission La Voix est Libre du 18/10/2014 sur France 3 sur EON Gardanne et le problème de la gestion durable de la forêt]
Sur ces enjeux, la prise de conscience est de plus en plus forte et tant mieux si les écologistes ne sont plus tout seuls ! On l'a vu récemment avec la mobilisation pour l’arrêt des boues rouges dans le Parc national des Calanques, ou contre les forages d'hydrocarbures ou de gaz de schiste dans le Luberon : en quelques jours 80 000 personnes ont signé une pétition et près de 2000 contributions ont été déposées sur le site du Ministère de l'Ecologie.
[Ma participation au rassemblement contre le permis de recherche d'hydrocarbure dans le Luberon, à Gargas, le 11 octobre 2014 - Photo publiée avec l'aimable autorisation de Corinne Brisbois]
On l'a vu dans les mobilisations pour le Climat qui ont rassemblé 600 000 personnes dans le monde le 21 septembre dernier, pendant le Sommet de l’ONU sur le climat à New York. S’appuyer sur cette mobilisation des citoyens et sur l’action de la Région, pour réussir la 21ème Conférence mondiale sur le Climat à Paris en décembre 2015, voilà notre objectif de l'année prochaine.
[Manifestation Climat à Marseille le 21 septembre 2014, avec Jean-Marc Coppola (FdG), Jean-Yves Petit, François-Michel Lambert et Aicha Sif]
Si nous restons dans la majorité, ce sera donc pour maintenir ces priorités, avec un budget plus concentré sur certains objectifs, plus cohérent avec notre Stratégie régionale d’aménagement durable du Territoire et avec le Schéma régional de cohérence écologique, un rapport très important que nous voterons tout à l'heure.
Nous ne voterons ni un budget d'austérité, ni un budget qui nous priverait de notre indépendance vis à vis des Banques. Des choix et des efforts seront réalisés, y compris sur les délégations dont nous avons la charge. Au-delà d’enveloppes budgétaires parfois théoriques, nous travaillerons à sélectionner des opérations vraiment réalisables en 2015.
Nous demandons donc un budget 2015 plus lisible, adossé à une forte mobilisation des fonds européens dont nous aurons la gestion à partir de 2015 et un Contrat de Plan Etat Région offensif, qui donne des perspectives. Sur ce dernier point, nous sommes encore loin du compte et l’abandon de la taxe poids lourds ne nous rassure pas. Nous saluons cependant la mobilisation des services de la Région et de tous les élus de la Majorité pour muscler notre mandat de négociation avec l’Etat.
C’est dans cet état d’esprit offensif que nous abordons ce dernier budget d’une mandature pendant laquelle nous nous sommes toujours attachés à porter les engagements pris devant les électeurs et à gérer au mieux l’argent public.