Centenaire du Génocide arménien
Commémoration du Centenaire du Génocide arménien
Cérémonie du Conseil Régional PACA - 24 avril 2015
Discours de Sophie CAMARD pour le Groupe EELV-POC
Avec respect et recueillement, nous rendons hommage aujourd'hui au peuple arménien, victime du Premier Génocide du 20ème siècle, perpétré par l'Armée Ottomane en avril 1915, contre l'Empire russe. Le Génocide fut lui-même imbriqué dans cette “Guerre totale” que fut la Première Guerre mondiale.
L'histoire de notre Région Provence-Alpes-Côte d’Azur est intimement liée à cet événement. Elle fut une terre d’accueil pour bien des réfugiés du génocide arménien, particulièrement à Marseille dans les années 1920. Cette terre s’est nourrie de l’apport de ces nouveaux arrivants dont certains, comme Missak Manouchian, participèrent à la Résistance française contre l'Occupation allemande bien des années plus tard, contre un autre Génocide, celui des Juifs.
Réciproquement, Marseille fut le port d'embarquement des troupes françaises qui partirent combattre l'armée turque sur le Front d'Orient en 1915. “Gallipoli, Dardanelles”, ces mots claquent aux oreilles de nombreuses familles de soldats de France et de Provence.
La belle exposition sur le Front d'Orient, qui se tient actuellement au Musée d’Histoire de la Ville de Marseille, rappelle ce destin croisé, ce destin commun entre français et arméniens.
La mémoire du Génocide est celle des Arméniens et de tous les Provençaux.
Cette histoire s'est transmise de générations en générations qui demandent encore justice et réparation. Qualifié dès le mois de mai 1915 par Aristide Briand de “crime contre l'humanité et la civilisation”, le Génocide arménien, reconnu par la France seulement en 2001, ne l'est toujours pas par l’État turc.
Tous les turcs ne partagent pas cette position. S'il est facile de condamner un pays qui n'est pas le nôtre, nous devons particulièrement soutenir ceux qui, en Turquie, entreprennent de lever le tabou du Génocide arménien. Une partie de la société civile turque comprend le piège d'une prétendue “guerre de civilisations” qui opposerait musulmans et chrétiens, un piège dans lequel les djihadistes veulent nous entraîner aujourd'hui.
A un siècle d'écart, l'actualité de 2015 fait écho à celle de 1915, dans ces régions aux confins de la Syrie, l'Irak, l'Iran, la Turquie, prises sous le feu et la barbarie de Daesh. A nouveau des minorités sont menacées d'extermination, Chrétiens d'Orient mais aussi Kurdes, Chiites, Alaouites... Hommes, femmes et enfants, tout simplement.
C'est en souvenir des tragédies du 20ème siècle, ouvertes par le Génocide arménien, que nous devons puiser dans nos valeurs pour résister aux divisions qui menacent aujourd'hui la cohésion nationale. L'idéal universel de Liberté et de Solidarité a toujours su rassembler des citoyens de toutes origines pour construire notre Histoire commune.
C'est notre message, pour hier et aujourd'hui.