Accueil Elections 2012 François Hollande Président… Le courage, c’est maintenant !

François Hollande Président… Le courage, c’est maintenant !

Le soulagement était sans doute le sentiment le plus partagé dimanche soir à l'annonce des résultats du second tour de l'élection présidentielle : soulagement d'en finir avec cinq ans de sarkozysme épuisants pour la population, mêlé à l'espoir discret, et vigilant, d'écrire une nouvelle page.

Le visage de la France du 6 mai remonte quand même le moral, même s'il est difficile d'oublier le sourire carnassier de Marine Le Pen au soir du 22 avril, et la course poursuite aux « pauvres- électeurs-du-FN-qui-souffrent », dans l'entre-deux tours... Je ne fais pas partie de celles et ceux qui relativisent le vote FN, en le banalisant comme un vote d'humeur contestataire et conjoncturel. Les électeurs du FN savent très bien pour quoi et pour qui ils votent, non ? Tous ces reportages sur le vote FN étaient « flippants », comme si, en période de crise, s'exprimaient les pires aspects de l'être humain : la peur de tout, la hargne, l'agressivité. Est-ce cela un pays qui veut aller de l'avant ?

Quant aux supporters de « la France forte » qui se sont mis à courir derrière l'extrême-droite, ne voient-ils pas que lorsqu'on veut fermer les frontières, se replier sur soi, c'est un signe de faiblesse et de déclin d'un pays, pas de force et d'espoir ? Dans l'Histoire, la montée de la xénophobie favorise les divisions et les guerres, jamais le développement humain et le progrès.

Dans ce contexte très très lourd, la campagne fut bien longue et difficile. Pour les écologistes, elle a même été un « chemin de croix » interminable, que les qualités personnelles d'Eva Joly ont permis de mener au bout malgré tout. Et je suis fière que nous n'ayons fait aucun renoncement à nos idées, dans ce climat politique et médiatique très violent.

Maintenant, il va falloir transformer un slogan de campagne un peu creux en réalité. Le « changement », c'est :

Un volet Economique, Européen et Ecologique (les trois vont ensemble) : En finir avec les politiques d'austérité européennes, réformer la Banque centrale européenne, lancer de grands investissements européens dans la transition écologique, dans ces secteurs clés qui permettent à la fois de réduire les gaz à effet de serre et de créer des emplois comme les énergies renouvelables, les transports collectifs, l'agriculture biologique (renégociation de la politique agricole commune), le bâtiment à énergie positive. Ces investissements peuvent être relayés en France par la mobilisation de l'épargne privée et un pôle public bancaire au service de l'emploi et des PME. Ils doivent permettre d'engager la sortie du nucléaire en rendant crédibles les solutions alternatives et la mise en place d'une filière du démantèlement des centrales.

Un volet Justice sociale avec une réforme fiscale, sociale et écologique, de nouveaux droits pour les salariés, un ministère de l’Égalité Hommes-Femmes, la réimplantation des services publics dans tous les territoires - des campagnes aux quartiers populaires - notamment l'école, la poste, la santé, et la construction urgentes de logements sociaux et économes en énergie.

Un volet santé-environnement : Les pollutions sont à l'origine de nombreux cancers et maladies... et de futurs scandales sanitaires qui coûteront aussi très cher. Une vraie politique de santé publique repose sur la prévention. L'environnement est au coeur de ces problématiques, ainsi que la préservation de la biodiversité qui contribue à la qualité de vie et surtout à la préservation de nos ressources.

Un volet démocratique avec un retour à l'Etat de droit, un nouvel acte de décentralisation pour redonner des pouvoirs aux collectivités locales, plus proches des citoyens, des acteurs économiques et sociaux, l'élargissement du scrutin proportionnel, le non cumul des mandats associé à un statut de l'élu rénové, un réinvestissement dans l'éducation et la culture (c'est un enjeu démocratique) et... le droit de vote pour les étrangers aux élections locales.

Sur ce point, j'espère que nous ne reculerons pas. En accédant à la citoyenneté de proximité, les résidents étrangers cesseraient d'être les otages des démagogues. Ils seraient associés, donc responsabilisés aussi, sur la gestion des services publics locaux : propreté, transports et même sécurité : ils ont leur mot à dire ! Je suis toujours frappée que l'on évoque la nécessaire nationalité française pour avoir le droit de voter sur des sujets comme la qualité du ramassage des ordures, mais pas quand il s'agit de payer les impôts qui financent ces services. La préférence nationale de Le Pen, est-ce qu'elle consisterait à exonérer d'impôt et de cotisations sociales les résidents étrangers ? C'est bizarre, là, ils n'en parlent pas...

Voilà pour ma lettre au Père Noël et quelques indignations toujours vivaces.

En attendant, le Conseil fédéral d'Europe Ecologie Les Verts s'est prononcé pour une participation au Gouvernement. A titre personnel, je n'aurais pas voté « Pour » car les conditions sont très peu favorables. J'aurais plutôt vu les écologistes dans un rôle actif au sein de la majorité parlementaire. Cependant, il faut maintenant tout faire pour que ça réussisse. Il va falloir beaucoup d'énergie et de convictions aux ministres écologistes - s'il y en a ?! - car notre partenaire socialiste a plus souvent tendance à privilégier le rapport de force électoral sur les idées novatrices. A ce titre, l'existence d'un groupe parlementaire au Sénat, d'un groupe actif au Parlement européen, et d'environ 200 conseillers régionaux va sans doute peser dans la balance... Mais cela ne suffira pas car les positions de François Hollande sur le nucléaire ou l'aéroport de Notre-Dame des Landes ne sont pas encourageantes a priori. Il est donc très important de renforcer le vote écologiste aux élections législatives, afin que la participation des écologistes à ce gouvernement ne se résume pas à des aventures personnelles sans lendemain, mais qu'elle s'appuie sur une remobilisation de l'opinion autour des enjeux écologiques. Le courage ne s'arrête pas avec la campagne d'Eva Joly, « le courage, c'est maintenant » !